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mardi 18 octobre 2016

AU GRAND COMMENCEMENT...

LES CHANTS DES QUATRE NOUVELLES BRANCHES DU MABIGONI
Première saison - En un certain combat final [suite]




Chant un

Marwnad du Grand Cerf

Aussi, Dieu est un nid d'écailles de poissons.
Myrddin, dans le linceul de verre, doute de Boann.
Au grand commencement, ni Noël lumineux, ni Nouvel An,
Avec Twrch Trwyth, juste le Grand Cerf. Ils descendent
Des dunes vers la grève que l'on nomme
Des dix de mille de siècles, bientôt, Berck-Plage.

Aussi, Dieu est le spectre bleuté du Roi Arth.
Merdrawt s'agenouille. Il pleure la vierge douce, Marie.
Au commencement il n'y a pas la plage,
Ni les dunes, juste le Grand Cerf. Il accourt
Au bord de la haute falaise. Du plus loin,
C'est de là qu'il s'en vient.

Aussi, Dieu est toujours dieux puisque les hommes misérables.
Peredur, en Grand Cerf, nous révèle le véridique Grall.
Au commencement il n'y a pas l'aube,
Ni le Cerf, ni la falaise ou la plage.
Au plus loin dort la grande eau de Dieu,
En gésine de l'humaine genèse. Mais Morrigu envieuse

Veille. Aussi, Dieux sont incendiés d'écailles incandescentes : lèpres.
Galahad - puceau céleste - fouille des ses longs ongles princiers,
Au grand commencement final, la triste chair du diable.
Et Merdrawt pleure dans les bras du Roi Arth.
Alors, serein, Myrrddin regarde courir sur la grève apaisée
Le Grand Cerf des bois de Buire-le-Sec.
En vers arithmonymes de neuf.


NOTES : 

Marwnad : Elégie, en gallois. Petit poème lyrique abordant généralement un sujet tendre, mélancolique ou triste.

Myrrddin : Merlin, en gallois. Célèbre magicien du cycle arthurien.

Boann : Divinité de l'eau chez les gaéliques et mère d'Aengus, le dieu irlandais de l'amour.
Twrch Trwyth : Le sanglier magique, en gallois. Dans la mythologie galloise, Roi qui, à cause de ses fautes, fut changé en sanglier. Le sanglier est un animal important pour les gaéliques, représentant à la fois la guerre et la fête.

Berck-plage : Haut-lieu symbolique de La G.P.M [Grande Picardie Mentale], Berck-plage et ses figures mythologiques, notamment Konrad Schmitt, ont eu une influence certaine sur l'auteur.

Arth : Ours, en gallois. C'est également la base étymologique du prénom Arthur. Notons que la longue période de dépression et d'isolement du Roi Arthur à la suite de sa découverte des amours de Gueneviève et Lancelot peut être traduite par un temps d'hibernation qui cessera pour voir le Roi se dresser pour le combat final. Pour l'anecdote, Arthur est le prénom du père de l'auteur.
Merdrawt : Mordred, en gallois. À la fois le fils et le neveu félon du Roi Arthur, puisqu'il a été conçu durant une nuit de sorcellerie où la fée Morgane , demi-soeur du Roi Arthur, prit l'apparence de Geneviève pour séduire le Roi et avoir un fils avec lui. Au cours du combat final, Arthur tue Merdrawt, qui auparavant réussit à le blesser mortellement.

Peredur : Dans la mythologie galloise, Peredur, l'un des nombreux chevaliers du Roi Arthur, est particulièrement doué pour vaincre les sorciers qui, au Pays de Galles, prenaient l'apparence de chevaliers en armure. Ses nombreuses aventures forment la base de l'histoire de Perceval. La pureté de Perceval aurait pu lui permettre de voir le Graal, mais il n'en aura qu'une vision parcellaire et ne jouiera pas de la béatitude de par la révélation intégral du Grall ce privilège galahad l'atteindra.

Grall : Le saint Grall est la coupe sacrée de la mythologie arthurienne, coupe qui aurait servi au Christ lors de la Cène. Rapporté en Grand-Bretagne par Joseph d'Arimathie, qui enterra le Christ, le Grall est associé au tout premier temps de la christianisation de la Grande Bretagne et plus particulièrement à la cité de Glastonbury..Le Saint Grall fut perdu, mais on pense qu'il n'a pas quitté la Grande Bretagne mais qu'il est caché pour le préserver de l'impiété des temps. En fait la seule présence de la coupe suffit à inciter les chevaliers de la Table Ronde à suivre la voie de la bonté. Pour certains, tenter de retrouver le Saint Graal sera la quête suprême de leur vie.

Morrigu, Morrigan ou Morrigane : Déesse Irlandaise de la mort. Son apparence préférée est le corbeau.

Galahad, Galaad, Galaac ou Gwalchaved [en gallois] : Fils de Lancelot, Galahad est le seul à avoir vu le Saint Graal dans son intégralité..Il se peut même qu'il ait manipulé le vase sacré, car une version du récit arthurien précise : "Sire Galahad prit le corps de notre seigneur entre ses mains puis mourut."

Buire-le-Sec : Haut lieu de la Grande Picardie Mentale car il s'agit du village où vécu Konrad Schmitt - Galahad (?) - durant son enfance et une partie de son adolescence.

lundi 17 octobre 2016

...écho cru [...] en ce matin

LES CHANTS DES QUATRE NOUVELLES BRANCHES DU MABINOGI

À Carolle Carcillo.

PREMIÈRE SAISON - EN UN CERTAIN COMBAT FINAL.


Prologue premier

La chanson du piano fendu
                        À John Cale.

C'est un échos cru, rugueux. Il monte de la vallée.
Déboulées des collines - sur Garnant - les billes éclatées de l'nnocence
Jouent aux yeux d'âmes perdues - vitres sans rideaux, douces corneilles.
Elles fixent le type. Des coquelicots de suie épousent leurs souffrances.

Par le travers-horizon, affolé, en crochets détale le capitaine lapin.
Cloîtrées dans quelques poèmes jaunis. En chapelet lui fait face, photos
Eclairant l'incertitude du vide - longue rue principale entre nos mains -.
Des nuées de pains, des pierres grises ont rafraîchi nos oripaux.

Par les os d'un piano fendu coule la voix décavée.
À l'Heartbreak Hotel, le jeune John - futur égorgeur de volailles -,
Bouleversé - cristallisation en émotionnel sabotage -, rencontre l'âme du loup alcoolisé.
Chansons de faim, prières de soif, illustrent férocement nos intimes batailles.

Encore ce sifflement sévères - comme le sang crucifié - des songes enfuis.
Autour des lacs, soûle, l'idiote cherche son apache crétin ;
Lui lèchera sous les haillons les balafres de sueurs torve.
C'est l'écho cru, rugueux ; il claque en ce matin.

En vers arithmonymes de onze.

NOTES :

Garnant : Ville miniére du sud du Pays de Galles où naquit John Cale, le 9 mars 1942 (une semaine après Lou Reed). Jusqu'à l'âge de sept ans, âge auquel il commence l'apprentissage du piano classique, la seule langue qu'il maîtrisa fût le gallois. En 1965, à New York, John Cale rencontre Lou Reed avec lequel il commence à collaborer pour bientôt former un groupe qui deviendra mythique, The Velvet Underground.

Heartbreak Hotel : Chanson composée par Axton-Durden-Presley, très populaire dans le milieu des années soixantes. En 1975, John Cale va en proposer une relecture hallucinante, dégénérée et distordue, sur son album solo Slow Dazzle. Par la suite, au début des années quatre-vingt dix, il récidive et en propose cette fois une version piano solo et voix particulièrement déstructurée et puissante. John Cale interprétera encore d'autres versions de ce classique. Cette chanson tient une place importante dans Les chants des quatre nouvelles branches du Mabinogi, puisqu'on la retrouve à nouveau citée et fort présente dans le chant vingt-neuf de la dernière saison : La fin des fins.

Heartbreak Hotel - Version Slow Dazzle version / 1975.

Heartbreak Hotel - Version piano solo et voix / 1992.

Heartbreak Hotel - Version original par Elvis Presley / 1956

PREFACE

LES CHANTS DES QUATRE NOUVELLES BRANCHES DU MABINOGI


Préface par Carole Carcillo.


Christian-Edziré Déquesnes reprend le titre des contes gallois issus du Moyen Âge et d'au-delà, les Mabinogion, dont le singulier, Mabinogi, est presque l'homophone du titre du présent recueil. Il se place de facto dans le sillage d'une tradition mythique qui convoque les figures légendaires de l'univers celtique et les héros de la matière de Bretagne. Ces récits ont déjà servi de source à des conteurs tel que Perrault, mais aussi de trame sémantique à l'édification de récits qui ont émaillé la littérature notamment française tout au long des siècles d'une évolution qui n'a pas manqué de s'édifier sur ce fond d'universaux que sont ces textes fondateurs. Mais bien loin de trouver dans les Mabinogi une reprise, énième s'il en est, de ces oeuvres, l'auteur les mêle à une mise en oeuvre textuelle inédite. Il est possible de reconnaître des figures légendaires, tel Mordred, ou des lieux comme Avalon, qui font référence à la mythologie celtique, mais cette trame sert à l'édification d'un univers sémantique inédit dont la mise en forme remarquable demeure d'une originalité inégalée. Et si la structure des Mabinogi, qui se découpent en quatre saisons ou branches composées de contes et chants, reprend la disposition des Mabinogion, offrant ainsi une référence supplémentaire à cette source ancestrale mais nous dirons inversée car là où il y avait trois branches de récits contés en prose et une de chants, l'auteur aujourd'hui propose trois branches de chants et une de récits en proses, ce sont bien là les seuls rapprochements qui soient permis quant aux emprunts structurels et narratifs. Les contes gallois et ceux du cycle arthurien offrent à l'auteur une matière unique à partir de laquelle il n'en invente pas moins une manière dont la dimension poétique reste inédite. Déjà la mise en oeuvre syntaxique offre aux espaces sémantiques déployés des amplitudes infinies. Les deux premières saisons proposent une poésie dont la structure textuelle proche de celle de l'incantation permet à Christian-Edziré Déquesnes de placer aussi son propos dans le sillage de son père spirituel Ivar Ch'Vavar à qui l'on doit les inventions de la versification arithmonyque et d'une certaine Picardie que l'auteur de ces nouveaux Mabinogi nommera par la suite de Grande Picardie Mentale, et, ce faisant, de conférer dés l'avant lecture un caractère sacré à l'évocation des univers sémantiques qu'il convoque. L'emploi fréquent du présent crée un décloisonnement temporel qui autorise la création d'un cadre hors de toute diégèse et dessine un monde onirique au sein duquel se confondent imaginaire et réalité, fiction et autobiographique, légende et anecdote, littérature et musique. L'univers sémantique, inédit et puissant, inventé par l'auteur, crée ainsi des liens entre une modernité présente dans l'évocation des brides d'une expérience personnelle dont les réminiscences accompagnent des sensations surgies à l'écoute des musiciens invoqués, grandes figures du blues pour majorité, du jazz, ou de noms tel que Steve Mac Queen , acteur américain du siècle dernier, mêlés à l'apparition de personnages croisés ou fantasmés. L'incroyable originalité des Mabinogi s'impose. L'auteur convoque une source créatrice dont les origines plongent aux racines ancestrales de nos légendes et les confronte à l'évocation d'un univers contemporains dont la lecture ainsi soutenue par ces universaux propose une révélation, celle d'une véritable mythologie de la modernité. Des figures ainsi décryptées au regard d'une expérience personnelle se dressent et portent le trait de nos sources légendaires actualisées par l'évocation de caractéristiques dont le lecteur reconnaît toute la magnificence. Il comprend également que la matière de notre imaginaire puise ses racines dans le fond commun de l'Humanité. Il ressent cette prégnance du sacré, lorsqu'il lit ces lignes incantatoires servies par une musicalité inégalée. Est donnée à voir l'âme humaine, le cri du premier jour, et si la magnifique miséricorde d'être dans l'accueil des vicissitudes de nos existences reçues avec une dignité telle que cette posture, celle du témoin, celle du messager, est à l'origine des lignes de Christian-Edziré Déquesnes.

Les saisons trois et quatre revêtent une tonalité différente. Le discours lyrique côtoie l'évocation d'un univers onirique qui convoque des icônes de la musique (principalement du blues), de la littérature, du cinéma, ainsi que des personnages façonnés par l'imaginaire de l'auteur. L'évocations d'états d'âme reliés à des éléments autobiographiques dont les contours se dessinent avec une infinie pudeur est ainsi l'occasion de convoquer cet ensemble iconographique contemporain dont la symbolique élève le discours personnel au rang de l'universalité. Le paysage qui se dessine grâce à l'imbrication de ces strates de lecture soutien l'édification d'un discours réflexif qui hisse les brides d'éléments anecdotiques au rang de récits légendaire. Leur toile de fond est le Nord de la France, région natale de l'auteur. La présence du Picard, qui jouxte les versions françaises de manière récurrente, vient renforcer cet ancrage à une souche de récits ancestraux, fabuleux et mythiques. Cette langue vernaculaire témoigne également de l'importance de demeurer proche des sources, qu'il s'agisse des origines culturelles qui émaillent les Mabinogi ou bien de ce qui apparaît à travers l'évocation du réelles ou fantasmées, tout est substance d'une écriture qui magnifie le quotidien, l'univers ordinaire d'un énonciateur témoin et voyant. La mise en oeuvre syntaxique, qui s'édifie sur des vers arithmonymes pour la troisième saison, et sur une prose éminemment poétique pour la dernière, confère aux textes un rythme qui est soutenu par des reprises anaphoriques et des champs lexicaux servis par des mots simples, appartenant au langage courant, magnifiés par les envolées lyriques et les nombreuses métaphores qui donnent à cet ensemble un caractère incantatoire. Tableaux qui ne cessent d'opérer des ponts entre l'être et l'universalité de sa condition, ces deux dernières saisons permettent également à l'auteur d'énoncer sa révolte faces aux injustices et aux anhérations du monde dans lequel il évolue. Le lieu de cette énonciation lyrique n'est plus la sphère personnelle mais elle devient le chant de tous, la voix d'une humanité dont l'auteur porte la parole.

Et l'évocation de ce terreau universel est aussi porté par la présence de langages vernaculaires. La langue picarde, qui émaille l'intégralité des textes du recueil, très fréquemment proposés dans les versions française et d'un picard ré-inventé, côtoie les quelques traductions du Gallois qui viennent rappeler la source mythique des Mabinogi. La prégnance du picard ne cesse de ramener les textes vers une historicité littéraire qui les inscrits dans le sillage des écrits de la légende arthurienne. Le Picard en effet n'est-il pas la matière de nombreux textes médiévaux, et bien entendu la langue mise en oeuvre dans la Cantilèle de Sainte Eulalie, retrouvée dans La Tour Abbatiale de Saint Amand-les-Eaux, lieu de résidence, jusqu'en 1996, de l'auteur. Pappelons l'engagement de celui-ci pour la défense de l'édification du Picard comme langue régionale, et les nombreuses mises en oeuvre de cette langue dans ses créations littéraires et musicales. Engagé, il l'a été de tout temps pour obtenir la reconnaissance d'une langue qui permettrait l'unification culturelle d'une région dont la richesse patrimoniale et humaine ne laisse plus aucun doute. Et Christian-Edziré Déquesnes a contribué partiellement à lui rendre une voix qui avait peu à peu perdu sa place, noyée dans un découpage topographique vecteur de la disparition de cette identité régionale. Il n'a cessé de défendre l'édification d'un territoire linguistique dont les frontières dépassent celles de l'hexagone pour aller chercher en Belgique les traces d'une unification culturelle. Rien d'étonnant alors de constater que la région picarde serve de paysage à l'évocation des éléments topographiques à la modernisation de ce language régional, en recensant et en actualisant des éléments lexicaux nécessaires aux très nombreuses traductions dont il a proposé déjà de multiples occurrences offertes à l'occasion de ses nombreuses publications.

   Homme de conviction, homme engagé, telle est donc la posture de l'auteur, depuis toujours. En témoignent les nombreuses revues dans lesquelles il donne la parole au plus grand nombre, ses recueils, son travail à l'écriture de textes, écrits en Picard, et qu'il a mis, à une époque, en musique avec les groupes Chés Déssaquaches, Chés Eclichures,(2)Brokes et Chés Nowrtes Glénes. Sa démarche s'inscrit dans dans la cohérence d'une prise de position politique. Et la littérature a besoin de ces voix de l'artiste tout comme celle de l'intellectuel doit reprendre ce rôle de guide et de porte parole, car nous avons plus que jamais besoin d'édifier une identité commune qui soit apte à énoncer les avenirs. Et l'Art n'est-il pas ce langage universel capable de décrypter les époques, aptes à rendre compte des mutations historiques, à montrer un chemin grâce à la découverte de causes qui dépassent l'entendement et sont révélées par des oeuvres qui permettent d'en dévoiler les contour ?

    C'est cette ambition qui anime Christian-Edziré Déquesnes. C'est ce désir de rendre visible la trame de nos existences; c'est d'offrir cette lecture herméneutique de la modernité au plus grand nombre. Ce voeux de parler pour tous, à tous, de donner la parole à ses contemporain, de leur offrir l'intelligibilité du texte, de la langue, de la littérature, dans une désacralisation de les postures du poète, de l'écrivain récréée par là même à travers l'édification d'une communauté humaine, telle est la démarche de l'auteur. Et les notes qui enserrent les chants des Mabinigi n'ont d'autre objectif : tisser un réseau sémantique explicatif, amener une connivence entre l'auteur, le lecteur et le texte, ,hors de l'écriture, hors de toute instance narrative. Les chants ainsi mis en abîme sont soumis à une lecture polyphonique et leur caractère d'exemplarité, ainsi dégagé, vient alors donner un degré de lecture supplémentaire à l'interprétation, et l'expérience personnelle qui apparaît soutenue par l'évocation d'éléments artistiques et culturels des univers chers à l'auteur rejoint l'expérience collectives. Mais bien plus que proposer au lecteur cette connivence, l'auteur l'invite à s'approprier le texte. Ce dispositif, inédit dans sa forme et dans sa mise en oeuvre, constitue une voix off qui permet la mise en abîme des textes, et, dans le même temps, en leur ouvre l'espace de la représentativité propres aux légendes. Il s'agit là d'une véritable stratégie de la part de l'auteur, qui n'a de cesse de démocratiser l'accès au sens et à la littérature, encore aujourd'hui dans son travail de revuiste grâce auquel il offre ses pages à tous ceux qui font de l'écrit une arme, aux jeunes, aux  inconnus, quels que soient leur nationalité, leur condition, leur parcours. C'est le chemin d'une vie entière consacrée, depuis un peu plus e vingt ans, à la littérature et la poésie mais pas n'importent lesquelles, celles qui donnent vie à la communauté de voix qui dans un chant universel sera la source des avenirs politiques et sociaux aptes à offrir aux hommes un monde viable et au sein duquel chacun trouvera sa place.

    Plus que jamais la poésie rejoint sa source ancestrale, celle de la musique, celle d'un rythme archaïque qui scande l'édification d'une mythologie contemporaine, révélatrice et réflexixe. Le langage porte les intonations d'une parole oubliée, celle de la fraternité dont la perte est pleurée par Christian-Edziré Déquesnes, et appelée dans les prières que sont ces vers limpides et incantatoires. La puissance du lyrisme qui unit le verbe à la musicalité de ses mises en oeuvre dépasse alors largement le cadre étriqué d'une expérience personnelle et porte le trait d'une universalité retrouvée. Le sacré sera l'édification d'une Humanité dont la langue, unique et ancestrale, sera celle de l'amour et de la paix. Et la figure du poète des Mabinigi n'est-elle pas celle qui fit d'Orphée celui qui grâce au don reçu de la poésie est proche des dieux, mais qui n'en demeure pas moins profondément humain ? Mage et voyant, le poète est également celui qui décrypte l'histoire et qui restitue à ses semblables une mémoire dont la transcription servie par la nature réfractrice du langage poétique éclaire et invite à ouvrir l'avenir à de nouveaux horizons. La conscience de cette mission n'a cesser d'habiter Christian-Edziré Déquesnes, qui offre, avec les Mabinogi, une voix au combien espérée au renouveau de la littérature.